Neom, projet emblématique de l’Arabie Saoudite, ambitionne de redéfinir l’urbanisme mondial. Étendue sur 170 km, cette ville futuriste devait être un modèle de technologie et d’écologie, avec des gratte-ciels de 500 mètres de haut et un réseau de transport ultra-rapide. Pensée pour accueillir 9 millions d’habitants, elle incarne le programme ambitieux « Saudi Vision 2030 », dirigé par le prince héritier Mohammed ben Salmane.
Cependant, cette vision audacieuse se heurte à des défis majeurs, retardant sa réalisation et ternissant son image.
Le rêve d’une ville futuriste se heurte à une réalité troublante
Neom, littéralement « nouveau futur », est une mégapole visionnaire en construction dans le nord-ouest de l’Arabie Saoudite. Située entre le désert et la mer Rouge, elle s’inscrit dans le cadre du plan Saudi Vision 2030, un programme visant à diversifier l’économie saoudienne et à réduire sa dépendance au pétrole.
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Ce projet de 500 milliards de dollars promet une ville entièrement réinventée : des gratte-ciels de 500 mètres de haut, étendus sur une ligne de 170 kilomètres, abriteraient des logements, des bureaux et des espaces de loisirs.
Neom offrirait un mode de vie ultramoderne où tout, des déplacements aux services publics, serait automatisé, durable et alimenté par des énergies renouvelables.Cependant, malgré ses ambitions, cette « ville du futur » est devenue le théâtre de nombreuses controverses, révélant les limites de son utopie technologique.
Des retards colossaux et des ambitions revues à la baisse
Lors de son annonce en 2017, Neom avait séduit le monde entier par sa vision audacieuse. Mais en 2025, le constat est amer : les objectifs initiaux sont largement compromis. Les défis financiers, combinés à des difficultés techniques et logistiques, ont contraint les promoteurs du projet à réduire considérablement leurs ambitions.
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Au lieu des 170 kilomètres prévus, seuls 2,4 kilomètres devraient être terminés d’ici 2030. De même, les prévisions démographiques ont été revues à la baisse : la ville, qui devait accueillir 9 millions de résidents, pourrait ne compter que 300 000 habitants dans un premier temps.
Les retards sont aggravés par des restrictions budgétaires. L’Arabie Saoudite, malgré ses réserves pétrolières, peine à financer le projet. Le prix du pétrole, en deçà des attentes, freine l’effort national. De plus, les investisseurs étrangers se montrent réticents à s’engager pleinement dans un chantier dont la viabilité reste incertaine.
Un chantier marqué par des abus et des controverses
Les défis financiers ne sont pas les seuls obstacles. Les conditions de travail des ouvriers mobilisés sur le chantier ont suscité des critiques internationales. Environ 100 000 travailleurs, pour la plupart des migrants, vivent dans des camps précaires au milieu du désert.
Des ONG, comme Human Rights Watch, ont documenté des abus, notamment des cas de violences, de travail forcé et même de viols collectifs. Un rapport publié en 2024 dépeint une réalité inquiétante : des travailleurs non rémunérés, des accidents mortels fréquents, et des conditions sanitaires déplorables. En novembre 2024, cinq décès ont été enregistrés en une semaine, illustrant les graves lacunes en matière de sécurité.
Ces scandales, combinés à des tensions sociales, ont terni l’image du projet, transformant Neom en symbole des abus liés aux projets pharaoniques.
L’attrait touristique croissant pour l’Arabie Saoudite
Malgré ces défis, l’Arabie Saoudite mise sur Neom pour renforcer son attractivité internationale. Inspiré par le succès de Dubaï, le royaume aspire à devenir une destination touristique de premier plan.
En parallèle du chantier principal, des infrastructures touristiques commencent à voir le jour. En octobre 2024, Sindalah, une île balnéaire sur la mer Rouge, a été inaugurée. Ce complexe de luxe, comprenant des marinas, des hôtels haut de gamme et des activités nautiques, cible une clientèle internationale.
Neom, avec ses gratte-ciels futuristes et ses promesses de modernité, fascine de plus en plus de visiteurs. Les initiatives pour accueillir des événements mondiaux, comme les Jeux asiatiques d’hiver 2029 ou la Coupe du monde de football 2034, participent à positionner l’Arabie Saoudite comme une destination incontournable au Moyen-Orient.
La ville a un impact environnemental controversé
Si Neom se veut un modèle écologique, son impact environnemental soulève de nombreuses inquiétudes. Les gratte-ciels à façade miroir, conçus pour refléter la lumière du soleil, pourraient provoquer des millions de collisions d’oiseaux migrateurs. Ces critiques s’ajoutent à des questions plus larges sur la durabilité d’une ville construite au milieu du désert, où les ressources naturelles sont limitées.
Par ailleurs, les plans pour réduire l’empreinte carbone de la ville, bien qu’ambitieux, restent flous. Les défenseurs de l’environnement pointent du doigt un écart entre les promesses de durabilité et la réalité de l’impact du chantier sur la biodiversité locale.