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Mexico City

Mexico City : les nomades numériques ne sont plus les bienvenus, la crise du logement atteint de nouveaux sommets

Léa Paci - Il y a 2 semaines

En résumé

• À Mexico, la gentrification liée aux nomades digitaux provoque colère et tensions.
• Les loyers ont augmenté de 30 % en 4 ans, aggravés par Airbnb et la location courte durée.
• La mairie plafonne les loyers et encadre les locations touristiques pour protéger les locaux.

À Mexico, les tensions autour du logement atteignent un point de rupture. Dans certains quartiers prisés de la capitale mexicaine, l’arrivée massive de travailleurs étrangers, souvent qualifiés de “nomades digitaux”, bouleverse l’équilibre local. Si cette dynamique a longtemps été vue comme une manne touristique et économique, elle est désormais dénoncée comme un facteur majeur de gentrification. Face à la colère croissante des habitants, les autorités annoncent une série de mesures pour reprendre le contrôle.

La colère des habitants : entre gentrification, hausses des loyers et sentiment d’exclusion

Depuis le début du mois de juillet 2025, les rues des quartiers de Condesa, Roma ou encore Juárez résonnent de slogans virulents. “Gringo, rentre chez toi”, “Le logement est un droit, pas un produit de luxe” : autant de messages affichés par des manifestants dénonçant la flambée des prix de l’immobilier et l’éviction progressive des résidents historiques. Si la plupart des rassemblements se sont déroulés pacifiquement, des vitrines ont été taguées et certains commerces ont subi des actes de vandalisme. Cette mobilisation marque un tournant dans un débat de fond qui agite Mexico depuis plusieurs années.

La colère s’explique par une explosion des loyers dans les zones prisées par les expatriés, notamment ceux venus d’Amérique du Nord ou d’Europe. Selon les données locales, les loyers dans les quartiers centraux ont augmenté de plus de 30 % en quatre ans, relate Time Out. La présence accrue de logements en location courte durée via des plateformes comme Airbnb aggrave la situation. En 2022, un accord signé entre la ville de Mexico, Airbnb et l’UNESCO avait pourtant pour objectif de développer un tourisme culturel durable. En pratique, cet accord a accéléré l’installation de télétravailleurs étrangers dans des logements autrefois accessibles à la classe moyenne mexicaine.

Outre la pression sur le marché locatif, certains habitants dénoncent une “anglicisation” de l’espace public, avec des commerces qui affichent des menus en anglais, des coiffeurs qui refusent de parler espagnol ou encore des loyers affichés uniquement en dollars. Cette transformation rapide crée un profond sentiment d’injustice et d’effacement culturel pour une population locale qui se sent mise à l’écart dans sa propre ville.

Les réponses politiques : plafonnement des loyers et encadrement des locations touristiques

Face à l’ampleur des protestations, la maire de Mexico, Clara Brugada, a annoncé un plan d’action destiné à freiner la gentrification et à protéger les résidents permanents. Parmi les mesures envisagées figurent le plafonnement des hausses de loyer à l’inflation, la création d’un répertoire de logements à “loyers raisonnables” et l’augmentation des investissements dans l’habitat social. Actuellement, les logements abordables représentent à peine 12 % des constructions neuves dans la capitale, selon les urbanistes locaux.

Autre mesure phare : le renforcement de l’encadrement des locations de courte durée. Si une régulation existait déjà, sa mise en œuvre restait timide. Désormais, la mairie envisage d’imposer des quotas stricts, voire d’interdire les locations temporaires dans certaines zones saturées. Ce durcissement vise à décourager les achats spéculatifs de biens destinés uniquement à l’accueil de touristes ou de télétravailleurs étrangers.

Au niveau fédéral, la nouvelle présidente Claudia Sheinbaum (ex-maire de Mexico) a condamné les slogans haineux vus lors des manifestations, tout en reconnaissant la légitimité des revendications sur le logement. Elle s’est engagée à soutenir les initiatives locales et à favoriser un développement urbain “plus équitable”.

Toutefois, plusieurs urbanistes soulignent que la crise actuelle ne saurait être résolue sans une refonte plus profonde des politiques publiques. Pendant des années, les autorités ont échoué à anticiper la pression démographique et n’ont pas régulé efficacement les plateformes de location. Résultat : un tissu urbain déséquilibré, où les investissements étrangers pèsent plus lourd que les besoins des habitants.

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Léa Paci - Il y a 2 semaines

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