Tourisme balnéaire : une saison en demi-teinte et des chiffres qui interrogent

Les plages semblent désertées, les stations habituées à l’effervescence estivale font désormais face à un silence inattendu. Dans le flot régulier des vagues, se dessine une évolution discrète, mais profonde, du tourisme balnéaire, ébranlé par des pressions économiques, une fréquentation irrégulière et un horizon incertain. Alors que certains hôteliers tirent la sonnette d’alarme, d’autres redéfinissent les contours du séjour côtier. Derrière les chiffres, c’est tout un secteur qui interroge son modèle et son avenir.

Baisse de fréquentation et inquiétude palpable sur le littoral

La fréquentation touristique en France connaît un net recul. Parmi les séjours réalisés, les stations balnéaires enregistrent une baisse de chiffre d’affaires comprise entre 25 % et 35 % pour les hôtels et restaurants, malgré un été marqué par un bon ensoleillement. Les données de l’avant-saison confirment cette tendance : les nuitées françaises reculent de 7 %, avec près de 120 millions de nuitées comptabilisées, en retrait par rapport à l’an dernier. Cette diminution, même si elle reste moins brutale que celle vécue pendant la crise sanitaire, pèse lourdement sur toute la chaîne de valeur touristique, des restaurateurs aux services d’accueil.

Fréquentation contrastée : résidents en retrait, étrangers plus présents

Le tableau varie selon les clientèles. Au premier trimestre 2025, les hôtels français affichent – 2 % de nuitées totales, avec une forte baisse de la clientèle résidente (– 3,8 %), tandis que la clientèle non résidente progresse de + 1,6 %. Les chiffres montrent que la baisse touche surtout les Européens : Allemands (– 2,6 %), Belges (– 3,6 %) et Britanniques (– 17,9 %). En revanche, la fréquentation venue de plus loin affiche une dynamique inverse : les États-Unis enregistrent une hausse spectaculaire de + 39,2 %, et l’Asie-Océanie progresse de + 14,6 %. Les nuitées de longue distance augmentent globalement de + 5 % sur l’avant-saison, preuve d’un regain d’intérêt international pour les côtes françaises. Ce contraste illustre une France où les touristes étrangers reprennent leurs habitudes, pendant que les résidents semblent plus prudents.

Recherche de solutions et réorganisation des données touristiques

Face à ces bouleversements, les institutions cherchent à moderniser le pilotage du tourisme. Le Comité interministériel du tourisme a validé la modernisation d’ici fin 2025 du datahub France Tourisme Observation, destiné à mieux agréger, prédire et rendre lisibles les données du secteur. L’objectif est de donner aux professionnels une vision claire et réactive de la fréquentation afin d’adapter leur offre en fonction des tendances. Cette réorganisation intervient dans un contexte où la question d’un tourisme plus durable s’impose. Entre contraintes environnementales, mutations économiques et attentes changeantes des voyageurs, les destinations balnéaires doivent imaginer de nouvelles formes d’attractivité. Certaines misent sur des séjours hors saison, d’autres sur des offres hybrides mêlant culture, gastronomie et nature. L’avenir du littoral passera sans doute par une diversification, pour que la mer reste un moteur d’accueil et non un souvenir d’abondance révolue.