La fontaine de Trevi, célèbre chef-d’œuvre baroque et emblème de Rome, ne se contente pas de fasciner par sa beauté ; elle captive par ses légendes et sa tradition unique de jeter une pièce pour garantir son retour dans la Ville éternelle. Pourtant, avec les travaux de restauration actuellement en cours, ce rituel se trouve bouleversé par des adaptations modernes qui, bien que pratiques, soulèvent des questions sur l’authenticité de l’expérience touristique. En préservant la tradition par des solutions temporaires et en envisageant une nouvelle contribution financière, Rome joue un jeu d’équilibre délicat : préserver le patrimoine ou répondre aux besoins d’un tourisme de masse ?
Rome installe un « bassin » à la place de la fontaine de Trevi
La restauration de la fontaine de Trevi, débutée en octobre 2024, a nécessité une vidange complète du bassin pour permettre une intervention en profondeur sur ce chef-d’œuvre du XVIIIe siècle. Cependant, cette restauration prive momentanément les visiteurs du rituel populaire du lancer de pièce dans la fontaine elle-même. Pour éviter une trop grande déception, les autorités ont installé un bassin provisoire devant le monument. Ce dispositif, surnommé avec un brin d’ironie « le pédiluve » ou « la piscine municipale » par les Romains, permet aux visiteurs de jeter leur pièce dans l’eau, mais bien sûr, ce geste perd de sa magie originelle.
Pendant que la Fontaine de Trevi est en grand entretien et qu’on envisage de limiter et faire payer son accès, la @comuneroma a jugé bon d’installer une « piscine » (un pediluve) pour récolter les pièces, sans « bronca » des touristes pic.twitter.com/TAZ9ge5QFn
— moanaweilc (@Mweilc) November 2, 2024
L’installation d’un bassin temporaire est sans doute une solution ingénieuse, mais elle laisse à désirer sur le plan émotionnel et esthétique. Jeter une pièce dans ce dispositif provisoire n’a rien du charme de la fontaine de Trevi : l’essence du rituel, liée au monument historique, est en partie sacrifiée. Ce bassin soulève la question de la préservation de l’expérience authentique : jusqu’à quel point peut-on adapter les rituels d’un lieu chargé d’histoire pour répondre aux contraintes modernes sans dénaturer l’essence même du site ?
Un droit d’entrée pour réguler le flux de touristes ?
Au-delà de cette solution temporaire, la ville de Rome envisage une autre mesure à la fin des travaux : l’introduction d’une contribution d’un à deux euros pour accéder à la fontaine. Cette contribution serait destinée à limiter la surfréquentation du site et à mieux financer son entretien. Pourtant, cette idée, bien que justifiée par la nécessité de préserver ce monument historique, soulève des réserves. Transformer une expérience culturelle en transaction monétaire pourrait bien nuire à la dimension universelle et inclusive de la fontaine de Trevi.
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Si ce « droit d’entrée » peut être perçu comme une forme de soutien au patrimoine, il pose aussi la question de l’accessibilité de ces lieux d’histoire. Nombreux sont ceux qui pourraient interpréter cette mesure comme une « monétisation » excessive d’un espace public. La fontaine de Trevi, monument emblématique et accessible à tous, risquerait alors de devenir une attraction payante, détournant le site de sa symbolique historique et de son caractère ouvert à tous.