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Finistère

Le Finistère déclare la guerre aux Alpes avec sa campagne hivernale audacieuse

Vincent Mabire - Il y a 1 heure

En résumé

• Le Finistère lance un slogan choc contre le ski pour promouvoir l'hiver breton.
• Les stations alpines réagissent mal à la rivalité provoquée par cette campagne.
• La campagne valorise un tourisme hivernal doux et alternatif, face aux limites du ski.

Avec sa nouvelle campagne hivernale, le Finistère ne chausse pas les skis, mais taille tout de même une belle courbe dans le paysage touristique. En détournant l’imaginaire alpin avec un slogan provocateur, le département breton rallume une vieille rivalité entre mer et montagne — et fait grincer quelques dents en altitude.

Une affiche, trois mots, et une tempête venue de l’ouest

Dans le genre campagne qui ne passe pas inaperçue, le Finistère a visé juste. En s’affichant avec un slogan aux allures de déclaration de guerre – “Raz le bol du ski ? Changez d’hiver en Finistère” – le département breton ne s’est pas contenté de vendre du granit et des embruns. Il a pris de front les géants enneigés de l’Est, bousculant avec malice le monopole hivernal des stations de montagne.

Lancée par l’agence “Tout commence en Finistère” pour promouvoir les charmes de la côte bretonne hors saison, la campagne s’appuie sur des visuels spectaculaires de falaises battues par les vents et des lumières d’hiver saisissantes. Objectif : faire de la pointe du Raz une nouvelle Mecque du hors-piste… sans neige. Et pour le clin d’œil, le jeu de mots “Raz” le bol – un brin appuyé – a suffi à faire bondir les professionnels de la montagne, rapporte TF1 info.

Dans les Alpes, l’ironie passe modérément

Du côté des stations, l’humour breton a du mal à faire rire. Sur LinkedIn, les réactions oscillent entre agacement poli et railleries plus appuyées. Fabrice Perez, directeur de l’office du tourisme des Deux-Alpes, regrette “une communication maladroite qui oppose inutilement deux filières touristiques”. Un peu plus piqué, le responsable du tourisme savoyard évoque un “fair-play assez limité” des Bretons.

Quant à Anne Marty, présidente de Domaines skiables de France, elle a préféré répondre sur le ton de la contre-attaque : “Pour le beurre salé, on n’a rien dit. Mais remplacer les combis par les cirés, ça jamais !”, a-t-elle posté en clin d’œil, emoji compris.

Le message est clair : le monde de la glisse ne compte pas laisser filer les vacanciers sans un bon planté de bâton.

Derrière la blague, une vraie stratégie de positionnement

Malgré la forme volontiers moqueuse, la campagne s’appuie sur une analyse sérieuse des attentes actuelles. Le tourisme d’hiver ne se résume plus à la poudreuse et au vin chaud. En toile de fond, il y a un essoufflement progressif du modèle des stations alpines, confrontées à des hivers de plus en plus incertains, à une pression environnementale croissante et à des coûts d’exploitation qui explosent.

Le Finistère n’invente pas une alternative au ski, il surf sur une vague : celle des voyageurs en quête d’expériences douces, durables, accessibles, loin de la congestion des pistes et du prix des remontées mécaniques. Les séjours hors des sentiers battus en hiver – littoral, campagne, microaventures – sont en forte progression depuis trois ans, particulièrement auprès des familles et des jeunes actifs.

Des falaises contre des pistes : match nul ou hors-catégorie ?

Évidemment, comparer une balade sur la côte bretonne à une journée de descente dans les Aravis tient plus du clin d’œil marketing que de la proposition sérieuse. Mais c’est là tout l’intérêt de la campagne : défendre une autre idée de l’hiver, plus contemplative, plus lente, où la météo se vit plutôt qu’elle ne se subit.

Ce repositionnement n’a rien d’un caprice régionaliste. Il s’agit d’une tactique assumée pour attirer une clientèle en décalage avec les stations traditionnelles, où l’enneigement n’est plus garanti et les tarifs souvent dissuasifs. Le slogan, provocateur, a simplement permis d’amorcer la discussion.

Une guerre de territoires… ou une invitation à varier les plaisirs ?

Plutôt que d’opposer les cirés aux combinaisons, cette querelle bretonne pourrait rappeler que l’hiver n’a pas qu’un seul visage. La montagne conserve ses adeptes, ses paysages spectaculaires et son économie locale à défendre. Mais la mer, elle aussi, revendique ses lumières rasantes, ses vents iodés et ses silences profonds.

Et si, plutôt que de trancher, on alternait ? Un hiver sur les pistes, un hiver au bord des falaises ? En attendant, le Finistère aura au moins réussi une chose : se faire entendre au cœur de la tempête… médiatique.

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Vincent Mabire - Il y a 1 heure

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