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Visiteurs en France

Comment la France devient la première destination touristique mondiale sans agacer ses habitants

Léa Paci - Il y a 2 heures

En résumé

• La France accueille 100M de visiteurs en 2024 sans saturer ses sites touristiques.
• Plan Destination France et loi Le Meur régulent tourisme et locations courtes.
• Diversité régionale et réseau ferroviaire dense favorisent une répartition équilibrée.

La France a battu un nouveau record en 2024 avec près de 100 millions de visiteurs internationaux. Dans un contexte où Barcelone brandit des pancartes « Tourists go home » et Venise taxe l’entrée, l’Hexagone semble naviguer tranquillement. Pas d’émeutes, pas de grilles autour des monuments, pas même de slogans anti-selfies. Alors, miracle national ou recette savamment préparée ? Si la France reste la première destination touristique mondiale sans s’attirer les foudres des habitants, c’est peut-être parce qu’elle a appris à jouer avec le feu… sans se brûler.

Une recette qui mijote depuis longtemps

Ce calme apparent n’est pas dû au hasard. Dès 2021, l’agence Atout France lançait le plan Destination France, un programme ambitieux doté de 1,9 milliard d’euros pour transformer le tourisme en moteur durable, écologique et inclusif. Derrière ces grands mots, une idée simple : répartir les visiteurs, préserver les lieux emblématiques et mettre en lumière les pépites méconnues. Ce n’était pas juste une campagne d’affiches, mais un vrai travail d’ingénierie touristique : développement de sentiers, rénovation de villages, promotion des régions moins saturées.

Le train est aussi l’un des grands alliés de cette stratégie. Avec 28 000 km de voies, dont 2 800 km à grande vitesse, la France a l’un des réseaux ferroviaires les plus denses au monde. Résultat : des touristes qui choisissent plus facilement un Lyon-Annecy en TGV qu’un vol intérieur. La loi de 2023 interdisant les trajets aériens pouvant être remplacés par un voyage en train de moins de 2 h 30 a encore renforcé ce réflexe. « On peut rejoindre des destinations incroyables sans passer par Paris ou les hubs saturés », explique un représentant d’Atout France à Euronews. Cette dispersion des flux, c’est la clé : moins de monde agglutiné sur le parvis du Mont-Saint-Michel, plus de monde à s’émerveiller devant les falaises d’Étretat ou les ruelles de Colmar.

Et pendant que certains pays réagissaient dans l’urgence face à des vagues touristiques incontrôlées, la France, elle, préparait déjà son terrain de jeu. Comme une hôtesse qui met la table bien avant que les invités n’arrivent.

Répartir, réguler et… garder le sourire

Si la France ne craque pas sous la pression touristique, c’est aussi grâce à sa diversité naturelle et culturelle. Ici, pas de tourisme concentré sur deux ou trois spots iconiques : des châteaux de la Loire aux marchés de Noël alsaciens, des calanques méditerranéennes aux plages bretonnes, chaque région a son lot de trésors. En 2024, aucune zone n’a monopolisé plus de 20 % des visiteurs internationaux. Une prouesse quand on sait que certaines villes méditerranéennes à l’étranger frôlent la saturation à longueur d’année.

Autre élément stratégique : la loi Le Meur, entrée en vigueur en 2024. Elle permet aux communes de limiter les locations de courte durée type Airbnb à 90 ou 120 jours par an, avec de lourdes sanctions pour les contrevenants. L’idée ? Éviter que les centres-villes ne se vident de leurs habitants permanents et que les loyers ne flambent. Ce type de régulation, appliqué tôt et fermement, prévient les tensions sociales observées ailleurs.

Enfin, il y a le facteur moins mesurable mais tout aussi réel : la culture de l’accueil. La France a beau aimer râler, elle reste historiquement un carrefour de cultures. Cette tradition, combinée à une offre culturelle riche et à des infrastructures solides, rend le contact avec les visiteurs plus fluide. Même dans les grandes villes comme Paris, Marseille ou Bordeaux, la gestion des flux passe par un savant mélange d’événements bien répartis, de communication locale et d’adaptations permanentes.

Alors, la France se joue-t-elle vraiment du surtourisme ? Pas tout à fait. Elle l’anticipe, le canalise et, surtout, elle transforme ce qui pourrait être une invasion en un ballet organisé. Et ça, c’est tout un art.

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Léa Paci - Il y a 2 heures

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