fbpx
Medina

La première destination d’Afrique face à la tentation du tourisme de masse

Léa Paci - Il y a 6 heures

En résumé

• Le Maroc allie tourisme intense à Marrakech et Agadir et calme authentique dans le Rif et l’Atlas.
• Les montagnes offrent un tourisme intime et authentique, promesse d’un tourisme équilibré.
• Le futur du tourisme marocain dépend de la préservation et de la diversification des expériences.

Sous le ciel bleu roi du Maghreb, le Maroc brille comme jamais. Ses médinas grouillent de vie, saturées d’épices, de couleurs et de négociations qui se jouent à la seconde près. Ses plages déroulent des kilomètres de sable doré, ses palmeraies se glissent entre les vallées, et ses montagnes tracent des silhouettes bleutées à l’horizon. Tout concourt à faire du royaume la première destination touristique d’Afrique. Pourtant, derrière ce tableau éclatant, une question plane : jusqu’où pousser la machine sans perdre l’âme du pays ? Car si Marrakech et Agadir vivent à cent à l’heure, les villages du Rif et les vallées de l’Atlas connaissent encore la quiétude des pas feutrés et des conversations autour d’un thé fumant. Et c’est peut-être là que se joue l’avenir d’un tourisme marocain plus équilibré.

Marrakech, Agadir, Fès : quand la lumière attire… jusqu’à l’excès

Marrakech, c’est la carte postale parfaite : murs ocre chauffés par le soleil, souks saturés de parfums d’argan et d’orange amère, et terrasses panoramiques pour observer le théâtre de Jemaa el-Fna. Agadir, elle, enfile ses habits de station balnéaire chic, entre hôtels modernes et longues plages ourlées par l’Atlantique. Fès, enfin, offre une immersion dans un Moyen Âge encore bien vivant, avec sa médina labyrinthique classée à l’UNESCO et ses artisans à l’ouvrage.

Mais ce trio irrésistible attire aussi ses propres ombres. Les foules affluent, les prix montent, et les habitants doivent composer avec un quotidien où la tranquillité se fait rare. Dans ces villes, le coût de la vie flambe, et la surfréquentation menace la magie. L’expérience est grandiose, certes, mais parfois aux dépens du lien authentique entre voyageurs et locaux. Pour retrouver ce Maroc qui prend le temps, il faut accepter de quitter l’animation pour la lenteur des chemins oubliés, là où les rires ne se perdent pas dans la rumeur d’une foule.

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par Katia Muscetti (@katiamuscetti)

Du tumulte au silence : le Maroc des montagnes

Quitter les grands boulevards touristiques, c’est s’ouvrir à un autre visage du Maroc. Dans le Rif, les petites ruelles peintes en bleu de Chefchaouen s’ouvrent sur des sentiers de montagne qui serpentent entre oliveraies et torrents clairs. Dans le Haut Atlas, la vallée de l’Ourika étire ses paysages verdoyants au pied de sommets qui se parent de neige en hiver. Ici, les hébergements sont simples, l’accueil franc, et les prix bien plus doux que dans les villes stars.

Loin des foules, on partage un couscous fait maison, on discute en buvant du thé à la menthe, et le temps s’étire. Les randonnées s’enchaînent dans un décor de carte peinte : villages perchés, champs en terrasses, silence à peine troublé par les clochettes des troupeaux. C’est un Maroc confidentiel, où chaque pas raconte une histoire et où le voyage redevient une expérience intime. Ces montagnes, pourtant, ne sont pas déconnectées du débat national : elles pourraient être la clé pour réinventer le tourisme, en misant sur l’authenticité plutôt que sur le volume.

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par Tyler Johnson (@_tylermadison)

Accéder au Maroc et voyager autrement

Depuis Paris, Lyon ou Marseille, l’avion reste la porte d’entrée la plus simple vers Marrakech, Casablanca ou Agadir, avec des vols directs dès 80 € aller-retour hors saison. Depuis Strasbourg ou Lille, il faut compter une correspondance, mais rarement plus de 5 heures de trajet. Une fois sur place, le réseau ferroviaire ONCF est efficace : trains classiques ou TGV Al Boraq relient facilement les grandes villes, avec des tarifs abordables — environ 15 € pour un Marrakech–Casablanca en 2e classe.

Mais le vrai luxe, c’est de sortir des grands axes. Louer une voiture pour sillonner les vallées, prendre un grand taxi pour rejoindre un village de montagne, ou opter pour un guide local et partir à pied. Ces choix changent le voyage : on quitte l’itinéraire calibré pour vivre un Maroc aux visages multiples. C’est là que les médinas fastueuses et les montagnes silencieuses cessent de s’opposer pour devenir complémentaires.

Un futur qui balance entre croissance et préservation

Avec 17,4 millions de visiteurs en 2024 et déjà 8,9 millions au premier semestre 2025, le Maroc joue dans la cour des grands. Mais la tentation du tourisme de masse est bien là, avec ses risques : dégradation des sites, pression sur les ressources, standardisation de l’offre. La réponse pourrait être simple, mais elle demande du courage : ralentir pour mieux accueillir, répartir les flux et miser sur la diversité géographique.

Des initiatives émergent : circuits culturels dans les zones rurales, hébergements écoresponsables, festivals dans des petites villes, développement du tourisme solidaire. Le Maroc n’a pas besoin d’un lifting pour séduire, il a besoin d’un souffle nouveau pour durer. Car le vrai voyage au Maroc ne se mesure pas au nombre de photos rapportées, mais aux instants partagés et aux paysages gravés dans la mémoire.

Canada

Découvrez
notre guide de
voyage

Léa Paci - Il y a 6 heures

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Nos thèmes