En résumé
• En 2025, le luxe c’est pêcher et cueillir pour préparer soi-même son repas.• Les hôtels haut de gamme proposent expériences nature authentiques et sensorielles.
• Le tourisme luxe privilégie désormais la reconnexion à la nature et le slow travel.
Finies les vacances au bord d’une piscine à siroter un cocktail hors de prix. Le nouveau luxe, c’est d’enfiler des bottes, de se lever à l’aube et de pêcher son propre déjeuner. Oui, vous avez bien lu ! En 2025, les voyageurs les plus aisés troquent le farniente pour la fourche, la houe et la canne à pêche. Ils veulent vivre la nature, la toucher, la respirer, la comprendre. Et tant pis si leurs mains se salissent un peu : le chic, c’est désormais d’avoir les doigts pleins de terre.
Quand les riches mettent la main à la pâte
Il fut un temps où le luxe se mesurait à la taille du spa ou au nombre d’étoiles affichées à l’entrée d’un hôtel. Aujourd’hui, le prestige se niche ailleurs : dans l’authenticité. Et quoi de plus authentique que de participer soi-même à la préparation du dîner ?
En Italie, sur la côte amalfitaine, certains établissements de prestige proposent à leurs clients de partir pêcher les calamars au lever du soleil avant de les déguster le soir même, préparés par le chef. À Florence ou à Sienne, on part à la recherche de truffes avec un guide local. Et à l’hôtel Fife Arms, en Écosse, les hôtes crapahutent dans les collines pour cueillir des plantes sauvages destinées au repas du soir.
Ces expériences ont un coût – comptez jusqu’à 500 $ la sortie pour quatre personnes dans la vallée de l’Hudson (New York) – mais le succès est là : les hôtels de luxe du monde entier s’y mettent, explique Géo. Ce que recherchent ces voyageurs fortunés ? Un retour au réel. Comme l’explique Vinod Narayan, manager du Wildflower Farms, Auberge Collection : « Dans un monde qui s’accélère et où la technologie accapare notre attention, il y a de plus en plus de valeur à ralentir, toucher la terre et redécouvrir d’où vient la nourriture. » Autrement dit, le luxe n’est plus dans la possession, mais dans la reconnexion.
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Le grand retour à la nature (version grand confort)
Ce phénomène, qu’on pourrait appeler “nature chic” ou “agro-luxe”, séduit autant les hôteliers que les voyageurs. En France, de la Provence au Pays Basque, des domaines haut de gamme proposent déjà des séjours où l’on participe à la vie rurale : vendanges, cueillette d’herbes aromatiques, apiculture ou maraîchage.
Le concept est simple : on remplace le « ne rien faire » par le « faire ensemble ». Et tout cela, évidemment, dans un cadre irréprochable : literie moelleuse, spa relaxant, repas gastronomiques à base de produits locaux.
Le Barn, dans les Yvelines, par exemple, combine balade à cheval, cueillette et gastronomie bio. En Corse, des mas réhabilités invitent les visiteurs à traire les chèvres avant le petit-déjeuner. Et en Bourgogne, on propose des week-ends « pêche à la mouche et gastronomie » à partir de 1 600 € par personne.
Cette tendance répond à une envie : ralentir sans renoncer au raffinement. Les citadins saturés de béton et d’écrans recherchent un luxe plus humain, fait de gestes simples et d’expériences sensorielles. Ce n’est pas du camping – c’est du retour aux sources haute couture.
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L’expérience, nouvel étalon du luxe
Autrefois, on collectionnait les tampons sur son passeport. Aujourd’hui, on collectionne les émotions. L’industrie du voyage l’a bien compris : les expériences immersives deviennent le Graal du tourisme premium.
Pour Dina Falconi, herboriste et organisatrice de randonnées-cueillettes dans la vallée de l’Hudson, ces activités offrent bien plus qu’un simple loisir : « Travailler de ses mains, même quelques heures, c’est retrouver une forme d’authenticité et de reconnexion. »
Derrière le folklore des paniers d’osier et des bottes de caoutchouc, il y a une réflexion profonde : apprendre à produire, à respecter et à consommer autrement. C’est aussi une manière, pour les plus riches, de se sensibiliser à la fragilité du monde naturel – tout en profitant d’un cadre digne d’un magazine de déco.
Mais ce luxe “vert” n’est pas sans paradoxe. Comme le souligne Falconi, il y a quelque chose d’un peu ironique à voir les plus fortunés payer pour apprendre à se nourrir depuis la terre, pendant que d’autres luttent pour y accéder. Pourtant, c’est peut-être justement là que se trouve la clé : revaloriser les savoir-faire agricoles et artisanaux en leur redonnant un prestige perdu.
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Entre aventure et introspection : le chic d’être vrai
Ce tourisme version nature brute n’a rien d’un simple effet de mode. Il incarne un changement de mentalité. Voyager ne consiste plus à s’évader du quotidien, mais à retisser un lien avec le monde vivant.
Et il faut le dire : il y a quelque chose d’infiniment grisant à se lever avant le soleil pour partir en mer, à plonger les mains dans la terre ou à ramasser des plantes en forêt. Ce n’est pas qu’une activité : c’est une reconquête sensorielle.
Les hôtels qui surfent sur cette vague l’ont bien compris : leurs clients veulent des souvenirs, pas des services. Et ce sentiment de fierté – manger ce qu’on a pêché, récolté ou préparé soi-même – vaut toutes les étoiles du monde.
En France, cette quête de sens s’accorde parfaitement avec l’art de vivre à la française : la gastronomie, la nature, la convivialité. C’est aussi un moyen de soutenir les territoires ruraux, de valoriser les circuits courts et de donner un nouveau souffle au tourisme durable.
Vivre, respirer, savourer
Le luxe du XXIᵉ siècle a changé de visage. Il ne brille plus dans les dorures d’un palace, mais dans la rosée du matin, sur les mains encore humides de terre. Il s’appelle “luxe authentique”, “slow travel” ou “nature raffinée”, peu importe : c’est une invitation à ralentir, à ressentir, à réapprendre.
Et si, finalement, le plus grand privilège de notre époque, c’était tout simplement de se reconnecter à la nature ?